samedi 27 janvier 2007

La Multidentité Tunisienne

Pas une plaine, en Tunisie, pas une montagne, pas même sans doute un carré de sable qui ne cache une terrible et sanglante histoire. L'Histoire est passée partout. On bute sur elle, au sens propre, à chaque pas.

Enée, dit-on, y débarqua après avoir quitté Troie. Rommel, après la retraite d'El Alamein, y perdit la bataille d'Afrique. Entre ces deux grands rôles, figés comme eux entre les pages des dictionnaires, Hannibal et Jugurtha, Jules César et Auguste, Oqba et Dragut, Doria et Barberousse. Et tant d'autres...

Tout a commencé il y a longtemps. Trop longtemps, vers le dixième millénaire avant Jésus-Christ, avec les Imazighen? Tout au plus peut-on dire qu'ils vivaient déjà en Afrique du Nord au temps des premiers pharaons, qu’ils parlaient une langue proche de l’ancien égyptien, portaient une tunique de laine voisine de la gandoura, un manteau proche du burnous, utilisaient des jarres d'argile, et que, de chasseurs endurcis ils devinrent peu à peu agriculteurs et éleveurs.

A 1100 avant JC. date la fondation d'Utique, premier comptoir punique. Ces Puniques ne sont pas entrés en Tunisie par effraction, l'arme au poing. Ils n'ont pas vaincu les Berbères, mais, pacifiquement, leur ont acheté un peu de ce sol sur lequel, pendant très longtemps, ils ont coexisté.

814 avant JC, fondation de Carthage

A partir de 450 avant Jésus-Christ, les Puniques, uniquement marchands jusque-là, lorgnent les terres agricoles et essaient de les conquérir. Et les Berbères entament la première de leurs multiples et farouches révoltes de l'histoire.

146 avant Jésus-Christ : le plus dangereux n'est plus le Carthaginois. Caton peut cesser de tonner. Carthage vient d’être anéantie au terme de la Troisième Guerre punique. Les femmes ont coupé inutilement leurs cheveux pour tresser cordes.

Il faudra attendre un siècle et Auguste pour que Carthage renaisse de ses cendres et devient alors la capitale de l'Africa. Et débute une œuvre gigantesque de planification, d'administration et de construction pour devenir la première productrice d'huile d'olive de la Méditerranée, le "grenier de Rome".

L'époque est marquée par une succession de révoltes des Berbères (les revoilà !), mais ces troubles n'empêchent pas la construction de fastes monuments de la nouvelle Carthage.

En 429, tandis que Rome s'abîme dans le relâchement et la discorde, et qu'en Africa on ne songe qu'à entasser de l'or par le négoce de l'huile et du blé, un peuple de 80 000 hommes, avec soldats, femmes, enfants, quitte les rivages de la Baltique, atteint l'Espagne, passe en Afrique du Nord : les Vandales.

Ils remplacèrent les Romains pour un siècle, comptèrent parmi leurs souverains un grand bâtisseur, Thrasamund, qui embellit considérablement Carthage.
Et les Berbères étaient toujours là ! Les Louata notamment, les célèbres nomades chameliers, dont les Vandales durent subir les assauts à la fin de leur règne.

533 après Jésus-Christ : fin des Vandales. Quinze mille Byzantins menés par Bélisaire les écrasent au sud de Sousse et entrent à Carthage.

En 645 et après une première incursion musulmane qui s'est soldée par un échec, la bannière du Prophète pénètre en Tunisie en 670, portée par Oqba Ibn Nafi, mais pour les Berbères, Oqba n'est qu'un envahisseur de plus, ils mènent soulèvement sur soulèvement. Le dernier en 702, dit la légende, sera par une femme mystérieuse Al-Kahena (la prêtresse)…. Mais Oqba est mort avant elle.

La suprématie militaire des Arabes est reconnue trois ans plus tard, et se traduit dans les faits par la nomination (par le calife de Damas) du premier gouverneur permanent de ce qui n’est définitivement plus l'Africa, mais Ifriquiya et pour les Berbères commence le temps de la conversion.

Nombre d'entre eux, du reste, constitueront par la suite les soldats d'élite des nouvelles conquêtes de l’islam. Il faut citer au moins l'un d'eux, Tariq Ibn Zyad, qui mena les "Cavaliers d’Allah" à travers le sud de l'Espagne, et donna son nom au rocher de Gibraltar : Djebel Tariq.

En 800, le calife Abbasside Haroun Al Rachid laisse pleins pouvoirs à la famille des Aghlabides, et constitue la première dynastie tunisienne.
Après les Aghlabides viendront les Fatimides, les Zirides qui embelliront Tunis, les Hafsides qui en feront la capitale du pays.
Les Hafsides céderont devant les Turcs, les Turcs devant les Français, les Français devant la poussée du nationalisme tunisien.

Mille trois cent trente sept ans sont passés depuis l'entrée d'Oqba en Ifriqiya ; les Turcs ont régné trois cents ans ; les Français soixante-quinze et la Tunisie est toujours arabe !!!

Un pêcheur de Sfax, une vieille Tunisoise en fouta indigo qui remonte la rue Halfaouine, un commerçant de Djerba, un khammas dans son Oasis de Nefta et un Fellah dans les pleines de Vaga (Béja), dans leurs veines coule surement le sang d'un Berbère mélangé à un colporteur punique, à un légionnaire romain, à un officier vandale, à un artiste Byzantin, à un cavalier du Prophète ou à un corsaire turc.

Mais qui en déterminera les pourcentages respectifs ? Tous sont tunisiens, profondément ancrés dans l’Islam et dans l’Arabité, peu importe leur origine ethnique.

3 commentaires:

Téméraire a dit…

@Nabbar: Vous ne trouvez pas que c'est un peu compliqué cette multi-identité ?

Anonyme a dit…

Dommage, qu'ils n'ont pas mentionné l'épisode de la conquête de la Sicile par Asad ibn fourat qui est parti de Kairouan pour apporter à cette île une ère de prospérité et de progrès culturel et scientifique!!!

Téméraire a dit…

@Islam_ayeh: Le texte s'est restreint a démontrer les conquêtes et civilisations qui sont passées par la Tunisie

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