lundi 25 juin 2007

Le Rapport Accablant sur le Proche-Orient

Je n'aime pas trop parachuter des textes copié/collé dans mon Blog mais certains articles méritent la peine d'être publiés comme le rapport accablant sur le Proche-Orient par Le Péruvien Alvaro de Sotole, Coordinateur Spécial des Nations unies pour le processus de paix au Proche-Orient dans lequel il étale une certaine vérité et le double langage des institutions internationales.

Ce rapport a été remis au secrétaire général de l'ONU le 5 mai 2007, avant de quitter la scène professionnelle. Dans ce texte, véritable brûlot politique, celui qui quitte les Nations unies après vingt-cinq ans de bons et loyaux services, « se lâche », comme nous le dit un diplomate belge. Mais ses remarques sévères pour les Etats-Unis, les Nations unies et Israël n'étaient pas destinées à publication. Il est revenu au britannique The Guardian, de révéler l'existence de ce rapport de 53 pages en anglais et de le diffuser sur internet (1).

Ce « rapport de fin de mission » énumère des constats additionnés tout au long des deux dernières années par un acteur de premier plan de la scène diplomatique proche-orientale. Les deux années en question, de septembre 2005 à mai 2007, ont été riches en événements : retrait unilatéral d'Israël de Gaza, victoire du Hamas aux élections de janvier 2006, boycott subséquent du gouvernement palestinien islamiste par Israël et la communauté internationale, guerre du Liban à l'été dernier, mise en place d'un gouvernement palestinien d'unité nationale en mars 2007 et maintien du siège international.

Les observations du diplomate onusien aident à expliquer comment les choses ont évolué jusqu'à la dramatique situation actuelle.
En bref, comme le résume The Guardian, Alvaro de Soto, estime que le boycott international imposé aux Palestiniens a été « au mieux d'extrême courte vue » et a eu « des conséquences dévastatrices pour le peuple palestinien ».

Israël de son côté « a adopté une attitude essentiellement de refus envers les Palestiniens ». Les agissements des négociateurs du Quartet (Etats-Unis, Union européenne, Russie et ONU) se sont transformés en « spectacle secondaire ». Quant aux Palestiniens, leur engagement à mettre fin aux violence est « au mieux imparfait, au pire répréhensible ».

Des jugements très lourds surgissent çà et là dans le texte. « Les mesures prises par la communauté internationale dans le but espéré de promouvoir une entité palestinienne qui vivrait en paix avec son voisin israélien ont eu précisément l'effet inverse », écrit de Soto par exemple. Ou encore : « L'impartialité est devenue soumission à la politique américaine, NDLR d'une manière sans précédent au début de 2007 ».

Cette soumission est notamment lisible, explique-t-il, dans l'attitude du Quartet par rapport au gel par Israël des transferts de taxes effectués en faveur de l'Autorité palestinienne : « Le Quartet s'est vu interdire de se prononcer sur le sujet parce que les Etats-Unis, comme ses représentants nous l'ont signifié, ne souhaitent pas qu'Israël transfère ces fonds à l'AP ».

L'ex-envoyé spécial de l'ONU regrette d'ailleurs la politique de siège imposé au Hamas : « Le Hamas évoluait et pouvait encore le faire et nous devions l'encourager dans cette évolution, de sorte qu'un dialogue puisse s'instaurer dans lequel l'ONU aurait eu un rôle à jouer ».
Ce siège existe car les conditions posées au Hamas - reconnaissance d'Israël, renonciation à la violence et respect des accords antérieurs conclu par l'OLP - ne sont remplies : à ce propos, de Sotos critique les Etats-Unis et Israël « réfugiés dans une position de rejet, dont ils sont prisonniers, en insistant sur des préconditions dont on sait qu'elles ne sont pas réalisables ».

L'Europe, à son tour, en prend pour son grade : « Les eurocrates ont réalisé qu'ils avaient dépensé plus d'argent en boycottant l'Autorité palestinienne que lorsqu'ils la soutenaient et qu'en la contournant cela n'a pas permis de la consolider, mais que cet argent a été investi à fonds perdu ».

De Soto n'épargne pas les Nations unies : « Quasiment à tout moment, l'accent est mis sur les bonnes relations avec les Etats-Unis et sur l'amélioration des relations de l'ONU avec Israël, constate-t-il encore. Il y a un réflexe apparent, dans chaque situation où l'ONU doit prendre position, de se demander d'abord comment Israël ou Washington réagiront, plutôt que se demander quelle est la bonne position à adopter ».

La langue de bois, on le voit, ne transpire pas dans ce rapport « secret » : « Je ne crois pas, honnêtement, continue-t-il, que l'ONU fasse à Israël la moindre faveur en ne lui parlant pas franchement de ses erreurs dans le processus de paix. Nous ne sommes pas un ami d'Israël si nous permettons à ce pays de se satisfaire que les Palestiniens soient les seuls à blâmer ou que ce pays puisse, avec légèreté, continuer à ignorer ses obligations liées aux accords passés, sans payer un prix diplomatique à court terme et un prix beaucoup plus élevé en matière d'identité et de sécurité à plus long terme ».
Et plus loin : « Je me demande si les autorités israéliennes réalisent qu'elles récoltent ce qu'elles sèment, et elles encouragent systématiquement le cycle violence-répression au point qu'il se reproduit de lui-même ».

Il y a pire encore. Alvaro de Sotos reproche aux Etats-Unis d'avoir « poussé à une confrontation entre le Hamas et le Fatah », et il cite un diplomate américain qui lui confie « J'aime cette violence », alors les heurts palestiniens fratricides se développent.

Mercredi à New York, une porte-parole du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a déclaré qu'il était « profondément regrettable » que ce rapport ait été publié dans la presse, et a précisé que « les points de vue contenus dans le rapport ne devraient pas être considérés comme la politique officielle de l'ONU ». De Soto n'aura sans doute pas été surpris par cette réaction.

(1) http://www.lesoir.be/__documents/DeSotoReport.pdf

Merci "X" pour avoir mis ce texte en commentaire sur une des notes précédentes

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Persévère Témé: Kilma fi'ssbah we kilma fil 3achia.... ce document aurait faire la une du torchon (EL WATAn) de l'UDU ce parti qui prone l'unité Arabe(sic)

Anonyme a dit…

Ce qui importe c'est le contenu du rapport et l'intégrité de l'auteur de ce rapport et non pas la provenance ou les supports médiatiques qui l'auraient repris .

Anonyme a dit…

Tu devrais aussi t'intéressé aux observations faites par le journaliste ritanniques robert fisk sur les problèmes du proche-orient . Au moins personne ne reprochera le contenu ou l'objectivité du journaliste puiqu'il vient de l'indépendant (journal britannique) . Je dis cela parce que nos concitoyens sont allergiques aux informations relayés par al jazeera , ils veulent du made in occident pour être sûres de la véracité des infos .

TUNISIENDOCTOR a dit…

voila l article ya @x:


Bienvenue en Palestine!

Par Robert Fisk

Ah ! Les Musulmans au Proche-Orient ! Comme ils peuvent être pénibles ! Pour commencer, nous exigeons des Palestiniens qu’ils épousent la démocratie. Mais eux, ensuite, ils élisent le mauvais parti - le Hamas - et après cela celui-ci remporte une mini guerre civile et préside sur la Bande de Gaza. Et nous, les Occidentaux, voulons toujours négocier avec le président discrédité [de l’Autorité Palestinienne], Mahmoud Abbas. La "Palestine" d’aujourd’hui - et laissons ses guillemets à leur place ! - a deux Premiers ministres. Bienvenue au Proche-Orient !

Avec qui pouvons-nous négocier ? A qui nous adressons-nous ? Oui, bien sûr, nous aurions dû parler au Hamas depuis des mois. Mais nous n’aimions pas ce gouvernement démocratiquement élu par les Palestiniens. Ces Palestiniens qui étaient censés voter pour le Fatah et sa direction corrompue. Mais c’est pour le Hamas qu’ils ont voté. Le Hamas qui refuse de reconnaître Israël ou de respecter l’Accord d’Oslo totalement discrédité.

Personne n’a demandé - dans notre camp - quel Israël particulier le Hamas était supposé reconnaître. Israël de 1948 ? Israël des frontières d’après 1697 ? Israël qui construit - et continue de construire - de vastes colonies pour les Juifs et seulement les Juifs sur la terre arabe, avalant encore plus des 22% de la "Palestine" qui restent à négocier ?

Et c’est pourquoi, aujourd’hui, nous sommes censés discuter avec notre loyal policier, M. Abbas, le dirigeant palestinien "modéré". (C’est ce qu’en disent la BBC, CNN et Fox News). Un homme qui a écrit un livre de 600 pages sur [le processus d’] Oslo sans mentionner une seule fois le mot "occupation". Un homme qui a toujours parlé du "redéploiement" israélien plutôt que du "retrait". Un "dirigeant" en qui nous pouvons avoir confiance parce qu’il porte une cravate, se rend à la Maison Blanche et dit toutes les choses qu’il faut dire. Ce n’est pas parce qu’ils voulaient une république islamique que les Palestiniens ont voté pour le Hamas - mais c’est ce qu’on dira après leur sanglante victoire -, Ils ont voté pour le Hamas parce qu’ils en avaient marre de la corruption du Fatah, le parti de M. Abbas, et de la nature pourrie de l’ "Autorité Palestinienne".

Je me souviens avoir été convoqué, il y a des années, chez un officiel de l’Autorité Palestinienne dont les murs venaient juste d’être crevés par l’obus d’un char israélien. Véridique. Mais ce qui me frappa, c’était les robinets plaqués-or dans sa salle de bain. Ce sont ces robinets - ou les choses de cet acabit - qui ont coûté au Fatah son élection. Les Palestiniens voulaient la fin de la corruption - le cancer du monde arabe - et c’est pourquoi ils ont voté pour le Hamas. Et alors, nous, l’Occident si sage et si bon, avons décidé de les sanctionner, de les affamer et de les maltraiter pour avoir voté librement. Peut-être devrions-nous offrir la qualité de membre de l’Union Européenne à la "Palestine" si elle avait la grâce de voter pour les bonnes personnes ?

Au Proche-Orient, c’est partout la même chose.

En Afghanistan, nous soutenons Hamid Karzai, même s’il garde des chefs de guerre et des barons de la drogue dans son gouvernement. (Et, soit dit en passant, nous sommes vraiment désolés pour tous ces civils afghans innocents que nous tuons dans notre "guerre contre la terreur" sur les terres abandonnées de la province du Helmand).

Nous aimons l’Egyptien Hosni Moubarak. Ses tortionnaires n’en ont pas encore fini avec les politiciens des Frères Musulmans, arrêtés récemment à l’extérieur du Caire. Sa présidence a reçu le soutien chaleureux de Mme - oui, Mme - George W. Bush - et dont la succession passera presque certainement à son fils, Gamal.

Nous adorons Muammar Kadhafi, le dictateur fou de la Libye. Ses loups-garous ont assassiné ses opposants à l’étranger. Son complot pour assassiner le Roi Abdallah d’Arabie Saoudite a précédé la récente visite de Tony Blair à Tripoli. Le colonel Kadhafi, devrait-on se souvenir, a été appelé "homme d’Etat" par Jack Straw pour avoir abandonné ses ambitions nucléaires qui n’existaient pas. Et sa "démocratie" nous est parfaitement acceptable parce qu’il est de notre côté dans la "guerre contre la terreur".

Oui, nous aimons la monarchie du Roi Abdallah en Jordanie et tous les princes et les émirs du Golfe, en particulier ceux qui reçoivent des pots-de-vin si gros de nos sociétés d’armement que même Scotland Yard doit clore ses investigations sur les ordres de notre Premier ministre - et oui, je peux très bien voir pourquoi il n’aime pas la manière dont The Independent couvre ce qu’il appelle de façon pittoresque le "Moyen-Orient". Si seulement les Arabes - et les Iraniens - pouvaient soutenir nos rois, nos shahs et nos princes, dont les fils et les filles sont éduqués à Oxford et à Harvard, comme le "Moyen-Orient" serait plus facile à contrôler !

Il s’agit bien de cela - du contrôle - et c’est pourquoi nous tenons bon et que nous retirons nos faveurs à leurs dirigeants. Maintenant que Gaza appartient au Hamas, que vont faire nos propres dirigeants élus ? Tous nos dogmatiques de l’UE, de l’ONU, de Washington et de Moscou doivent-ils désormais parler à ces gens misérables et ingrats (je crains que non, puisqu’ils ne seront pas capables de leur serrer la main) ou devront-ils reconnaître la version cisjordanienne de la Palestine (Abbas, la paire de bras sans danger), tout en ignorant le Hamas élu et militairement victorieux à Gaza ?

C’est facile, bien sûr, d’appeler la malédiction sur chacune de leurs maisons. Mais c’est ce que nous disons de tout le Proche-Orient. Si seulement Bashar al-Assad n’était pas le Président de la Syrie (Dieu seul sait quelle serait l’alternative !) ou si le Président cinglé Mahmoud Ahmadinejad n’était pas aux manettes de l’Iran (même s’il ne sait qu’approximativement ce qu’est un missile nucléaire). Si seulement le Liban était une démocratie bien de chez nous comme nos petits pays de derrière les fagots - la Belgique, par exemple, ou le Luxembourg. Mais non ! Ces satanés Proche-Orientaux votent pour les mauvaises personnes, soutiennent les mauvaises personnes, ne se comportent pas comme nous, les Occidentaux civilisés.

Alors, qu’allons-nous faire ? Soutenir la réoccupation de Gaza, peut-être ? Nous ne critiquerons certainement pas Israël. Et nous continuerons de donner notre affection aux rois et aux princes - et aux présidents disgracieux - du Proche-Orient, jusqu’à ce que toute la région nous pète à la figure. Et, ensuite, nous dirons - comme nous le disons déjà aux Irakiens - qu’ils ne méritent pas notre sacrifice et notre amour.

Comment traitons-nous un coup d’Etat fait par un gouvernement élu ?

(Source: The Independent, le 16 juin 2007)

[article original : "Robert Fisk : Welcome to ’Palestine’"]

Anonyme a dit…

Merci docteur !
si quelqu'un pouvait signaler le passage ou robert fisk signale la présence des robinets plaqués or dans la salle de bain d'un notable du fatah dont la maison vient d'être éventrée par un obus, ce serait bien .
Comme ça les gens comprendront que l'orsque l'on parle de la corruption du fatah qui a retrouver le flux des millions de $ déversés dans sa caisse, ce ne sont pas des ragots . Ce n'est que la dure réalité de la palestine ou vous avez d'un côté des palestiniens qui crèvent de faim et de l'autre les dirigeants du fatah qui roulent en grosse mercedes noire dernier modèle et qui se construisent des villas de luxe avec les dons de l'europe et des nations arabes .

Décidémment, notre cupidité n'a pas finit de nous étonner .

Qu'est ce que c'est triste tout ça .

Téméraire a dit…

@Azwaw soumendil awragh :
C’est justement le culte de la médiocrité que nous nous n’arrivons pas à nous débarrasser, le fait de prendre les autres pour des imbéciles et les faire gober n’importe quoi qui fait en sorte que notre Presse ne deviendra jamais crédible.
Dommage que ça vient justement d’un journal qui est compté pour l’Opposition.

@x :
Ce qui importe aussi, que certains ne doivent plus ouvrir leurs Becs pour nous donner des leçons de morale et de bonne gouvernance.

@x : Oui, j’ai bien lu le rapport de Fisk, personnellement je suis convaincu depuis longtemps de la Mafiosité de Fatah et de ses Responsables.

@TUNISIENDOCTOR : Merci Doc pour l’article.

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