Réputé pour être très avare, le Sfaxi ne l’est pas du tout, au contraire c’est quelqu’un qui dépense beaucoup mais le fait avec sagesse, savoir faire pour en tirer profit au maximum.
Les Sfaxiens sont très dépensiers au niveau nourriture, vêtements et vacances ; pour se gâter ils ne se privent pas, toutefois se sont de très bons négociateurs qui savent réduire les couts et acheter à bon prix. Ils ne payeront jamais quelque chose au delà de son prix réel.
Les Sfaxiens n’achètent généralement leurs besoins que de Sfax et ils ont raison. Sfax est la ville la moins chère en Tunisie. Les commerçant Sfaxiens, outre fin négociants, ils sont d’habiles vendeurs, ils pratiquent généralement l’économie de marché et ils jouent sur les quantités, vendre 10 unités au prix de 5 est beaucoup plus rentable que de vendre 5 au prix de 7.5, parce que acheter 10 coute moins chère qu’acheter 5. (Ceux qui veulent savoir plus sur les techniques Sfaxiennes je peux lui recommander Am Slayem, le marchand d’épices en face du Bab El Gharbi ).
Si tu achètes quelque chose de Sfax, vous aurez votre remise même si vous ne l’avez pas négociée, tu apprécieras le geste et tu reviendras surement.
Les sfaxiens sont très attachés aux valeurs familiales. La famille est une plate-forme essentielle autour de laquelle tout se construit. Les proches se visitent régulièrement et ensembles ils prennent en charge les soucis des uns pour les aider à dépasser les moments difficiles que sa soit sur le plan financier ou sur le plan affectif.
Lors des fêtes (surtout l’Aîd Sghir), les jeunes pratiquement visitent tous les membres de la famille mêmes les plus lointains, les anciens voisins, voire toutes les relations et connaissances.
Dès leurs jeunes âges, les enfants sont initiés à d’autres travaux, autre que leurs études. Les filles impérativement doivent apprendre surtout à cuisiner et à faire des gâteaux traditionnels (et bien sûr modernes) et parfois de la couture et de la broderie.
Les garçons pendant les vacances ne restent pas inactifs, soit, ils aident leurs pères dans leurs métiers d’origine soit ils sont affectés à des ateliers pour apprentissage d’une activité manuelle. Les familles aisées envoient leurs fils aux usines et aux commerces pour apprendre les rouages de la gestion dès leurs plus jeunes âges.
Les sfaxiens apprécient beaucoup le chant et la musique. Des chanteurs comme Mohamed Jamoussi, Ahmed Hamza et Kacem Kéfi ont marqué la chanson tunisienne, d’autres comme Saber Rebaî Hédia Jouira, Jamel Chebbi rayonnent encore sur la région.
En famille, les sfaxiens forment leur propre groupe musical, ils chantent dansent, jouent au luth à la darbouka et au violon. Ils ont l’oreille musicale et possèdent de belles voix. D’ailleurs dans la Star Academy il y a toujours un sfaxien dans la formation tunisienne et tous on se souvient bien du jeune et charmant Ahmed Chérif.
Les sfaxiens vouent une attention particulière aux études de leurs enfants et jamais instituteurs ou professeurs n’ont été plus consciencieux que les sfaxiens, franchement ils donnent le maximum à leurs élèves et les encadrent minutieusement. Résultat : les sfaxiens sont pratiquement les lauréats de tous les concours d’enseignement nationaux. Ils ont généralement un très bon niveau d’études et sont bien demandés sur le marché du travail.
Au niveau petit métier, c’est indiscutable, même à Tunis on fait appel à eux. Ils ont une très bonne conscience professionnelle, fins artistes avec des prix très acceptables. Qu’ils soient plombiers, menuisiers, peintres, électriciens, se sont des petits patrons-entrepreneurs qui donnent satisfaction à leurs commanditaires.
Les mariages en Sfax se font généralement dans les mêmes familles sinon entre "Sfaxiens Pur". Si tu n’es pas sfaxien n’imagine pas que c’est facile de se marier avec une fille de la famille "Ellouze", "Fendri", "Kamoun" ou Hchicha", tu seras rejeté de facto. De même une fille des familles "Loumi", "Cheikhrouhou" ou "Besbes" défiera difficilement sa famille pour se marier avec un "outsider".
Le jeu des alliances matrimoniales est très fort à Sfax, ils s’ouvrent très peu ou rarement à d’autres communautés (ç-à-d, non sfaxiens). Les Sfaxiens sont-ils vraiment des xénophobes ?.
Aujourd’hui les jeunes fuient Sfax en raison du manque de moyens et de lieux de loisirs, de la pollution atmosphérique (merci Siape), de l’absence ou éloignement des plages et de la vétusté de l'infrastructure (routes en état misérable, transport commun nul, ...) qui n’est pas à la hauteur de leur ville. Ils la considèrent même comme une ville fantôme qui ferme à partir 19:00h.
Comment ses jeunes ne peuvent-ils pas être aimantés par les autres villes du littoral Hammamet, Nabeul et Sousse lorsque leur ville manque d'endroits ou ils peuvent sortir et s'amuser.
Pas de discothèques, pas de salons de thé respectables, un seul club de tennis, un seul club d’équitation et une seule piscine municipale en état centenaire.
Cet état des lieux à obligés les gens à être casaniers et à développer une riche activité culturelle centrée autour du noyau familial (pas uniquement les parents).
A partir de 20:00 h, la ruche se réveille et la soirée de la famille de notre ami Becem va commencer.
Tandis que ses parents sortent pour une soirée musicale chez une amie de la maman dans le cadre d'un club de chant et que son frère profite de la maison pour organiser un diner de chez "Cercina" suivant l’adage "lyoum 3andi ghodwa 3andek" (aujourd’hui chez moi, demain chez toi), Becem passera chez des copains au "jnen Kammoun ou jnen el fendri" pour une soirée spécial chant ou rencontre entre "Anciens du Lycée de Garçons".
De tels clubs et de tels cercles fermés (amis, familles) ne désemplissent pas, rares sont les sfaxiens qui ne meublent pas leurs soirées de la sorte. « C'est un héritage que nous cultivons jalousement », insiste Becem tout en remarquant que les es sfaxiens adorent la musique et la pratiquent bien sans pour autant vouloir en faire un métier.
Pour cet étranger se baladant seul et tard le soir dans cette ville vidée par ses habitants, ses pas le mèneront surement devant "El 3arem" ou "Ciao-Ciao" ou il s’étonnera des bousculades des fêtards nocturnes (en famille ou entre amis), pour avoir sa petite glace ou son croissant avant de rentrer chez soi.
L’agriculture et spécialement l’Olivier et en second lieu l’amandier sont à l’origine des fortunes constituées par les sfaxiens. Depuis bien longtemps, des historiens ont confirmé l’aspect talentueux des sfaxiens dans le commerce et l’industrie.
Lors du protectorat français, les nouveaux colons se sont vite rendu compte de l’importance de cette région qui réunit le caractère laborieux du sfaxien à la nature du terrain plat et sablonneux qui convient aux pieds secs. En 1881, on comptait 350 000 oliviers. En 1951, il y en avait environs 5 millions et dans les années 90 environ 7 millions de pieds d’oliviers.
Par des contrats de Mgharsa, qui procure à celui qui plante et travaille la terre le droit de s’approprier de la moitié des biens, les sfaxiens se sont ainsi associés aux capitaux étrangers, surtout français pour créer d’immenses plantations d’oliviers.
Dès l’indépendance, plusieurs Sfaxiens se sont trouvés en possession d’étendus patrimoines oléicole ce qui a permis à la ville de Sfax de bénéficier de cet énorme richesse foncière qui a développé la structure économique de cette région
Grace aux éponges, à l’Alfa, et bien sûr au huile d’olive, Sfax l’industrieuse s’est créée au début du XX siècle un potentiel industriel et commercial qui a contribué à l’émergence de riches familles entrepreneuriales. Sfax est devenue une sorte de chine à l'intérieur de la Tunisie.
Dés le début des années 70, et par l’accumulation d’un capital important, les familles riches ont misé sur de nouveaux créneaux dans l’industrie, comme la robinetterie, les produits détergents ou l’agroalimentaire. Et encore une fois, Sfax s’est ainsi doucement distinguée par son audace économique et la ville-business commence à dessiner son futur caractère dominateur.
Dans les années 60, les sfaxiens commencent à s’installer à Tunis et spécialement dans les quartiers de Mutuelle-ville et Notre-Dame. Dans les années 70, ils prennent d’assaut El Menzah. Début des années 80, ils s’installent dans les nouveaux Menzah (7, 8 et 9) et les Manar (1, 2 et 3). Dans les années 90, Ennasr, ne leur échappe pas et ils partent à la conquête des "Berges du lac" dont ils acquièrent le tier.
Aujourd’hui, la bourgeoisie sfaxienne ainsi que les élites qui ont bien réussi leurs parcours ont investit dans le commerce, l’import/export, les secteurs du tourisme, du transport, des banques, de l’industrie à valeur ajoutée importante et surtout comme leurs ancêtres dans l’immobilier.
Les autres (tunisiens non-sfaxiens) leurs reprochent leur clientélisme inter-sfaxien qui les favorise au milieu des affaires et qui donne l’impression de l’existence d’un état dans l’état.
Les Sfaxiens sont réputés dangereux dans les affaires, ils vous étouffent, ils brisent les lois du marché, vous ruinent et prennent vos clients. Mais vraiment y a-t-il honnêteté dans les affaires ?
Le sfaxien n’est pas dangereux individuellement, au contraire, aimable et sympathique. A deux, ils commencent à manigancer comment tirer profit de votre existence. A trois, comme une horde de loups, ils vous font la chasse discrètement, tu tomberas de fatigue et de peur avant même qu’ils ne vous touchent.
Leur vie communautaire est admirable ce qui a provoqué envie, jalousie et moquerie des Autres, qui sont allés jusqu’à les détester ouvertement. On leur reproche d’être peu ouvert, de ne pas s’intégrer et de s’afficher plus sfaxiens que Tunisiens.
Quel avenir pour les sfaxiens en Tunisie ?, vont-ils dominer le tissu industriel et foncier des sites les plus importants su pays ?.
Ou sont les Djerbiens et Sahéliens de Tout ça ?, y a-t-il vraiment une guerre cachée non déclarée entre pouvoir et richesse.
De toute façon, pour construire ce pays, des gens comme les sfaxiens, nous en avons besoin, mais seront-ils capable de nous donner une autre image plus positive de ce qu’ils reflètent actuellement?
PS: Avec tous mes respects aux noms de familles citées ci-haut, ils sont pris au hasard, sans aucune relation avec les faits cités, uniquement pour argumenter ce texte.
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