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Tout est noir, obscur.
Les vents sombres hurlent à travers les fenêtres délabrées et le clair de la lune brisé illumine le restant de certaines idées emprisonnées.
Tout est partout encombré et poussiéreux. Une vieille étagère mourante dans une ancienne demeure abandonnée.
Un secrétaire en bois massif incrustés de syllabes inconnues en bronze.
Un encrier en cristal. Il est sec, oublié. Une plume veuve, noire, qui garde pour elle la saveur de la dernière goutte d’encre.
Une pendule murale avec les aiguilles figées mais qui tictaque encore.
Des livres et des manuscrits, des mots entassés sur les mots. Empilés en désordre sur les étagères en bois dans les couloirs mornes.
J’avance dans le noir, je commence à voir un monde de visages sans yeux qui dévisagent des pages blanches. D’autres faces, préfacent des parchemins vides de rêves inassouvis.
Les personnages des livres et des récits, hantent le logis. Une force invisible se cache derrière leurs ombres insomniaques, ils pèsent la vie de tout visiteur. Ils pèsent les mots que je mâche dans ma tête.
Chaque pas que j’avance, m’emplit de peur, chaque respiration, chaque souffle, les excite un peu plus.
Mon dieu, Pourquoi vous-ai-je abandonnés ? Je suis revenu mais les lieux ne m’appartiennent plus.
Dans ma mémoire, ces espoirs étaient les miens que j’ai consignés dans des registres silencieux pour les lire, plus tard, sans parole, aux oreilles affamées de ceux qui ont toujours désiré de m’entendre divaguer.
Je continue mon chemin en parcourant des couloirs noirs supportés par des colonnes de marbres glacés.
Les livres, les phrases, les mots et les lettres crient et pleurent, ils m’appellent. Les vers et les proses psalmodient des psaumes et des incantations. Le ton des voix était noir, je ne peut pas l’entendre. L’écho de mes pas drape la résonance des supplications et des lamentations.
Vite.
Plus vite.
Plus vite, plus rapide, je me sauve.
Je ne trouve pas ma route, je me perds dans l’antre des mots. Je trébuche et je tombe, sur les livres, entre les livres, sous les livres. Les vocables m’inondent et je suffoque sous les mots insensés, incompréhensibles. Je meurs par l’alphabet, enterré vivant sous une tombe syllabaire.
Le choix
Il y a 11 mois
4 commentaires:
Belle description
mais la noirceur de cet univers si sombre, si triste si effrayant m'a foutu la trouille....ya latif , même pas un petit rayon lumineux, même pas une petite lueur d'espoir!
cela me rappelle :
"Spleen" de Baudelaire :
Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;
Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l'Espérance, comme une chauve-souris,
S'en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;
Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D'une vaste prison imite les barreaux,
Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,
Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.
- Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme ; l'Espoir,
Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.
Quelle atmosphère! On a envie d'y laisser sa peau! Tu vois finalement les mots ont droit de vie et de mort sur nous autres faibles créatures humaines!
@Zahraten & Nawrras:
Au fait c'est inspiré d'un rêve mais qui est beaucoup moins lugubre que je venais d'écrire.
C'est ainsi que j'ai imaginé la suite; pourquoi ? peut être inspiré d'un film d'horreur :)
@Nawras:
Il y a toujours du soleil dans ce que j'écris (pas ce texte sûrement), je suis plutôt à tendance optimiste, beaucoup plus que la normale même :)
@Zahraten:
Encore merci pour cette touche que tu as ajoute chaque fois à travers ton commentaire
@Sleemane:
figure-toi monsieur le Bouquiniste que dans mon rêve l'histoire se passait chez un bouquiniste.
Les mots : c'est la consignation de ce qu'on pense ... et ce qu'on pense ne prends de la valeur que lorsqu'il est consigné par les mots.
Les mots ont le plein pouvoir sur nous : ils nous guident, ils nous manipulent, ils nous conseillent et ils nous dérivent et comme tu le dis, ils ont le droit de vie ou de mort sur nous.
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