lundi 18 janvier 2010

Les Mots Capricieux


Nous vivons dans l'ombre de nos écrits et de nos textes mais mon affection pour les points de suspension et d’exclamation nous a divisés. Les points qui respirent entre toi et moi, étaient toujours présents. Tes virgules que tu omettais, mes majuscules que je soulignais et ce verbiage dont je t’avais volé le secret et qui me permet maintenant de te dessiner avec mes mots.

Je n’ai plus besoin de toi, j’ai appris à mélanger les couleurs de mes consonnes avec les tons éclatants des mes voyelles pour peindre, sur la toile de mon âme, des poèmes qui te font rire, aimer et pleurer. Mais à la fin, tu as accrochée mes tableaux dans ta galerie marchande et non pas sur ton cœur … et je n’étais pas déçu, il y aurait toujours un acheteur.

J’ai prétendu devenir artiste et non seulement j’ai voulu te séduire avec mes mots mais j’ai désiré t’enchainer à leurs sens et te rendre tributaire des images qu’ils te reflètent. Pourtant rien, je n’ai pas réussi.

Pourquoi faut-il que tu ne sois plus à la merci de mes mots ? les mêmes mots qui il y a fort longtemps ils sont devenus si abondants quoi que les tiens sont rares et que les miens ont perdu tous leurs sens pour devenir avares. Tes mots sont devenus inaccoutumés à sortir de ta bouche et je sais que tu portes un fardeau de mots inexprimés qui te pèsent dans ton cœur et que tu oses me dire que les miens ne veulent rien dire … c’est parce que tu n’arrives plus à déchiffrer les sensations que tu ressens lorsqu’ils caressent ton cœur.

Quant à mes mots …

Mes mots ... comme les feuilles de l'été qui en fin de saison ils jaunissent, se froissent et à jamais ils s’estampent sur les bords de ma conscience.
Mes mots … comme les feuilles de l’automne qui voltigent, malmenés par le vent, ils ne savent pas où ils vont chuter telles mes pensées à haute voix.
Mes mots … comme les feuilles de l’hiver qui s’éteignent dans l’air sans atteindre la terre, ils s’effritent et ne parviennent nulle part telles mes intentions comprises à la source mais jamais à leur destination finale.
Mes mots … comme les feuilles du printemps qui restent vertes et ne tombent pas pareils à mes sentiments inexprimés.

Mes mots ... mes verbes et mes phrases, comme les quatre saisons ils sont devenus capricieux et changeants, ils blessent alors qu’ils avaient l’intention de guérir, ils créent la confusion là où ils avaient l'intention d’éclairer et pourtant mes mots ... c’est parfois tout ce que je peux t’offrir.

Et parfois, je ne veux t’offrir que le son de mes mots en vagues qui viennent se déferler et tomber contre ton tympan, pénétrer aux profondeurs de ton âme pour que le rythme de mon ton brise la résistance de ton cœur et te laisse sans défense. Mais maintenant je sais que tu ignores mes mots et je sais que tu en deviens confuse et incertaine au point de les détester donc je prends la décision de les asphyxier.

Je tue tous les gestes que je désirais t’accomplir, j’étrangle tous les mots que je voulais te dire, je brûle tous les tableaux que j’aimais t’écrire … j’enterre toutes les roses que j’avais l’habitude de t’offrir … et je n’existe plus.

Comme les cendres des mégots des cigarettes en agonie, j’entrepose mes mots à travers des paysages blancs de cendriers désespérés. C'est le sanctuaire des mots que je viens d’assassiner et qui ne pourront plus jamais sortir de ma bouche ; tu ne les entendras jamais … et je me tais.

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