vendredi 8 janvier 2010

Le Pleur du Sirocco

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Je suis Mirage, la légende du désert et je ne sais que parler à la lumière
Marin de l’espoir, le vent Chéhili est mon vaisseau et le ciel est ma mer
Je vends des divagations au songeur et des illusions aux plus téméraires
Mes rêves mènent au jardin des délires là où mon cœur a élu sanctuaire

A travers les confins du sud de mon pays, souffle le sirocco torride
Vent assassin, il débarque sans étaler excuses avec sa stérilité aride
Comme un rasoir de feu, le vent Chéhili perçant les joues meurtries
Se réjouit de caresser par son souffle brulant les vastes dunes bénies

Les dunes de sable, îlots qui bougent comme des terres silencieuses
Esclaves d’Eole, insoumises et qui ne cèdent pas aux lois vétilleuses
Elles engloutissent l’imprudent et étranglent son audace trompeuse
Méprisant les hommes qui osent en bravant son étendue impétueuse

J'entends le sirocco pleurer et hurler à lui-même, attristé par ce défi
Et le chuchotement des ailes d'un vautour qui cherche un brin de vie
Pour lui offrir le privilège de la mort sans gémissements et douleurs
Et seul le varan qui lutte encore avec une pénombre fuyant la chaleur

Oh, sud la vie s’enrage et ta soif se pelote contre la rosée de l’aurore
La saveur viciée de l'eau souillée et ta terre déshonorée nous implore
Tes sources sont devenues sourdes à nos prières et elles nous ignorent
Et l’oued est devenu muet, sans murmures et notre complot il déplore

Hassan, le saint gardien des portes du désert sollicite ses quémandes
Plus d’affluence vers sa zaouïa, réclamant baraka contre les offrandes
Seulement les salines du chott qui conversent avec le soleil qui glande
Et un tombeau vertical qui est debout tout seul, de nulle part il exonde

Au crépuscule, quand le minaret crie à la prière et que le vent se taise
Le sirocco cède à son complice terre de silice, qui crache sa fournaise
Bacchus prend la relève à Dieu pour rafraichir les gosiers et les apaise
Avec la sève des dattiers il arrose les corps pour éteindre leurs braises

Parce qu’il a abandonné au fond des oasis sa fertilité et tout son amour
Le désert est devenu sec, sans cœur et il n’enfante que des troubadours
Son sirocco brûle les yeux, délaçant des visions floues et vagues images
Mais j’esquisse ce dont on veut voir sans qu’on sache que je suis Mirage


5 commentaires:

zahraten a dit…

ta note me rappelle le texte de ...
""9atratou ma'in khayrou min kinz""

meilleurs voeux ya 7amma et souhaits sincères pour la nouvelle année 2010

illusions a dit…

Un mirage qui réclame son amour au désert, ou c'est plutôt l'amour du désert pour son mirage, lieu de culte, d'espoir, de divagations ou simplement d'illusions pour tout espace de vide, d'aridité et de sècheresse.

C'est alors un mirage légendaire, et le sirocco pleure et passe, pour céder la place à un beau paysage de rêve.
Un mirage qui a toujours l'amour des grandeurs.

Unknown a dit…

Au coeur du Sahara je me suis retrouvée avec ton poème! Que du
plaisir à te lire Tém. :)

Aïn a dit…

Très joli !
http://www.lesirocco.net/

Téméraire a dit…

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