Jadis, fort longtemps, au nord-ouest de la Tunisie, dans la région comprise entre la frontière Algérienne et l'Oued el Zouara d'une part, la mer et la chaine du petit Atlas d'autre part, des tribus de race berbère, chassés de leurs villes et de leurs compagnes, se sont installée dans cette zone montagnarde couverte de broussailles et de forêts et dont certain monts culminent jusqu’à plus de 1000 m d’altitude.
Ces montagnes qui sont boisées jusqu'aux sommets avec de très belles forêts de chêne à glands (البلوط), de chêne liège (الفلين), de pin (الصنوبر), de hêtre (الزان) et de frêne sont aussi entrecoupées de gorges profondes, ravinées dans tous les sens, escarpées et partout d'un abord extrêmement difficile, accordèrent à leurs Hôtes des forteresses naturelles qui y vécurent pendant longtemps en maîtres absolus des lieux, imposant leur liberté à tous les conquérants qui ont dominé leur pays.
Ce sont évidement les KHROUMIRS ou Kroumirs ( الخميرية أو اولاد خمير ) qui ne sont autre qu’une Alliance de tribus berbère qui se sont fédérés dans le but de défendre leur territoire.
Cette Alliance se constitue principalement des Ouled Amor, les Ouled Saïd, les Ouled Cedra, les Sloul, les Slelma et les Houamdia, qui eux-mêmes se subdivisent en nombreuses Grandes Familles (عروش).
Brave Soldats, et Guerriers Invisibles sur leur terrain, ils se sont imposés face à tous les dominateurs depuis les carthaginois, jusqu’aux vandales et enfin les Arabes qui ont fini par en adopter la religion l’Islam tout en gardant fièrement leurs berbérité.
Cette fierté ne tint pas longtemps.
Aujourd’hui, l’identité berbère a pratiquement disparue de la région, et la citadelle naturelle qui n’a jamais été correctement exploité sur le plan économique et/ou touristique est devenue un handicap pour le développement de cette région. Le fier Khroumir s’est retrouvé en pauvre petit Fellah cultivant le plus petit coin de terre disponible, le moindre pli de montagne qui soit utilisable pour pouvoir vivre et résister contre un nouveau conquérant potentiel : La Pauvreté.
En manque de moyens mécaniques, le Khroumir a beau manier patiemment la pioche et la charrue, il ne peut rien contre l'aridité du sol, contre la raideur des pentes et enfin contre la violence des eaux qui viennent trop souvent raser ses récoltes.
La dominance de la forêt réduit la surface des terres exploitables pour l’arboriculture et le Khroumir le sait bien et ne se hasarde pas trop à investir dans ces plantations qui risquent de ne pas être rentable commercialement. Pourtant des superbes figuiers surplombent quelques clairières qui sont plantées avec des poiriers, des pommiers, des pêchers et surtout et encore des oliviers superbement féconds dont le diamètre à la base atteint même les 2 mètres.
Si les Khroumirs arrivent encore à résister, c’est grâce au nombre relativement considérable de petits troupeaux de bétail constitués essentiellement de moutons et de chèvres et dont ils ne tirent pas réellement un grand profit, par manque de moyens pour acheminer eux-mêmes leurs petites bêtes aux souks et aux marchés de bétails. Ils les cèdent habituellement aux intermédiaires.
(A suivre ...)